Par Gervais Pellerin
– J’aime à penser qu’il est maintenant possible de voir le développement de l’éolien comme celui d’un pacte social.
Je vois déjà bien des lecteurs qui vont serrer des dents en lisant ce titre. J’aimerais simplement donner mon opinion à propos des éoliennes. Loin de moi l’idée de laisser croire que je connais tout sur ce sujet. J’ai toutefois fait mes devoirs et j’ai cherché à bien saisir les tenants et aboutissants dans ce dossier.
Comme plusieurs le savent déjà, j’ai eu une longue carrière comme spécialiste et gestionnaire en environnement pour Hydro-Québec. J’ai donc souvent été confronté à prendre position et à prendre des décisions concernant le développement éolien. Encore récemment, j’étais, pour ainsi dire, indécis voire opposé à l’implantation des éoliennes. L’impact sur les paysages, les nuisances sonores et les collisions avec les oiseaux étant les principaux intrants.
Le nouveau souffle…
Seuls les fous ne changent pas d’idée et comme je ne suis pas fou, du moins je le crois, j’ai changé d’idée.
Voici mon cheminement :
Les impacts environnementaux
Le principal impact environnemental, à mon avis, est l’ATTEINTE AUX PAYSAGES. Comme l’ont constaté plusieurs citoyens, les premières éoliennes sont venues dégrader le côté naturel de nos paysages. Ça fendait le cœur de voir ça, même si d’autres y voyaient une certaine beauté. Il faut reconnaitre toutefois que l’on s’y habitue et que le fait d’ajouter une éolienne à un parc qui en contient déjà plusieurs a beaucoup moins de conséquences, du moins à mes yeux.
Le bruit, les collisions avec les oiseaux et la vigilance
Les nouvelles éoliennes sont moins bruyantes que les anciennes. Malgré cette amélioration, les autorités doivent toujours s’assurer de TENIR COMPTE DE LA SENSIBILITÉ DES GENS à cette nuisance lors de l’implantation des éoliennes.
Les collisions avec les oiseaux demeurent un dossier problématique. Même si les dernières études semblent démontrer qu’il est possible de réduire jusqu’à 70 % la mortalité aviaire avec certaines modifications de l’appareil, il faut vraiment rester vigilant.
L’équité sociale
L’énergie éolienne doit être considérée comme une excellente alternative aux énergies fossiles quand il s’agit d’agir face aux changements climatiques. Avec la multiplicité des évidences que le climat change et pas pour le mieux pour les humains, il faut saisir toutes les occasions pour réduire NOS ACTIONS AYANT UN EFFET SUR LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE. La construction de nouveaux barrages hydro-électriques demande beaucoup de temps et a aussi des impacts importants sur l’environnement. La construction de centrales nucléaires n’est pas très populaire auprès des citoyens. Avec l’électrification des transports, des procédés industriels et de la vie en général, le besoin en électricité sera grand dans un avenir proche. Je suis toujours aussi surpris de voir la quantité de véhicules électriques sur nos routes. Ça change vite.
C’est ici que la question d’équité est soulevée :
– Pourquoi c’est nous, les gens des milieux ruraux, qui devons subir tous les impacts des éoliennes pour le bénéfice de l’ensemble des citoyens?
C’est en général une question de vents. Mais je peux aussi me permettre de soulever le fait que les grands centres urbains subissent aussi une certaine inéquité. Les principales industries polluantes sont souvent situées près des villes, si ce n’est directement dans leur périmètre urbain, et ce, pour plusieurs raisons évidentes. C’est souvent pour ces raisons que plusieurs déménagent à la campagne, mais il faut reconnaître que le produit de ces industries nous est aussi essentiel.
Le nouveau souffle
Me voici enfin dans l’explication qui justifie le titre de ma chronique. Depuis peu, il est possible, et même encouragé par le gouvernement provincial, que le développement éolien se fasse AVEC ET POUR LE BÉNÉFICE DE LA COMMUNAUTÉ. Les projets éoliens dits « communautaires » se multiplient un peu partout au Québec. Les municipalités peuvent ainsi investir, codiriger et récolter des bénéfices financiers en créant des partenariats avec les grands promoteurs tout en s’assurant de respecter les attentes des citoyens. Ces bénéfices, trop souvent versés entièrement aux promoteurs, pourraient être versés aux municipalités jusqu’à concurrence de 50 %. Nous pouvons aisément anticiper que ces bénéfices serviront à REHAUSSER LA VITALITÉ de nos communautés. Étant impliqué dans la politique municipale depuis déjà quelques années, je peux vous dire que ce serait un crime de ne pas embarquer dans ce train.
Le développement éolien, un pacte social
J’espère vous avoir un peu éclairé sur un dossier qui est loin d’être simple. J’aime à penser qu’il est maintenant possible de VOIR LE DÉVELOPPEMENT DE L'ÉOLIEN COMME CELUI D'UN PACTE SOCIAL où, pour une fois, nous aurons notre mot à dire et aussi la chance de réinvestir une bonne partie des bénéfices financiers dans notre collectivité.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Gervais Pellerin est maire de la municipalité d’Inverness, président du comité de développement durable de la MRC de L’Érable, membre du comité de travail régie énergétique éolienne de la MRC de L’Érable, président du GROBEC (groupe de concertation des bassins versants de la zone Bécancour)