En service depuis 26 ans à Saint-Ferdinand

Le défi d'opérer un supermarché dans une petite localité n'est pas une mince affaire. Parlez-en à Gilles Soucy qui opère Les Marchés Tradition (anciennement Bonichoix) depuis 26 ans à Saint-Ferdinand.

Un beau métier certes qui lui permet de rencontrer pratiquement tous les gens de son village, mais qui demande aussi beaucoup d'énergie et de temps sans espérer faire fortune pour autant.

Après avoir œuvré une douzaine d'années comme directeur général du Magasin Coop à Plessisville, M. Soucy choisissait de se lancer en affaires en 1991 en ouvrant sa propre épicerie sous la bannière Bonichoix dans une bâtisse pratiquement neuve sur la rue Principale. Il rachetait les parts de ses deux associés quelques années plus tard.

Celui-ci a dû user d'audace pour réussir à maintenir son entreprise à flots surtout avec la fermeture de l'hôpital Saint-Julien qui était le cœur économique du village.

«Quand l'hôpital fonctionnait, nous comptions deux épiceries et cinq dépanneurs dans le village. Mais, quand le processus de désinstitutionnalisation et de fermeture s'est enclenché, nous avons perdu des centaines d'emplois qui ont été transférés à Victoriaville, Thetford Mines et Plessisville», explique-t-il.

Pour survivre dans ce contexte particulier, son entreprise a dû faire l'acquisition de l'épicier concurrent qui était à l'époque Gérard Garneau sous la bannière Axep en plus de rapatrier les services de la Boucherie Gardner. D'autres emplois se sont aussi perdus dans le village avec la fermeture de l'usine de traîne sauvage et la réorganisation des services de la caisse populaire. Plusieurs commerces et restaurants n'ont pas survécu.

«Les propriétaires d'épiceries comme la mienne qui sont situées dans de petites communautés vivent aujourd'hui tous le même problème. Auparavant, il y a avait plus d'emplois au village et les gens consommaient ici. En travaillant maintenant plus à l'extérieur, ils en profitent pour faire leur épicerie et leurs autres emplettes avant de rentrer dans leur ville-dortoir», mentionne M. Soucy.

Un service de proximité

Ce dernier confie que la situation serait plus précaire s'il n'avait pas la manne provenant des campings et chalets autour du lac durant la période estivale. «Le gros de notre chiffre d'affaires (4,5 millions $) se réalise durant les quatre mois d'été (15 juin au 15 octobre). Si ce n'était pas de ça, je ne crois pas que j'aurais pu garder ce service de proximité pour les gens de notre village», assure M. Soucy qui avait dû réinvestir un peu plus d'un demi-million $ en 2009 pour mettre ses installations au goût du jour profitant du fait qu'il est le propriétaire du bâtiment ce qui lui a permis d'emprunter sur l'hypothèque.

«Nous subissons une baisse de clientèle d'environ 40% en hiver. Les revenus sont moindres, j'ai le même personnel à payer et les factures d'électricité sont plus élevées», mentionne-t-il. De là à fermer l'établissement durant la période hivernale, il n'y aurait qu'un pas, mais il ne s'agit pas d'une solution qu'il envisage.

«C'est un service de proximité que je tiens à maintenir pour la population sans oublier que le commerce procure de l'emploi régulier à une quinzaine de personnes que j'aurais sans doute de la difficulté à ramener chez nous si je fermais l'hiver», de poursuivre M. Soucy.

Une nouvelle approche

Celui-ci a plutôt opté pour une autre approche pour ramener la clientèle en s'affichant sous une toute nouvelle bannière depuis la mi-septembre délaissant ainsi Bonichoix pour Les Marchés Tradition.

«L'offre est plus agressive sur la circulaire ce qui nous aide à garder la clientèle qui veut des spéciaux. Toute la mise en marché de nos produits a aussi été améliorée. Aussi, les gens peuvent maintenant profiter du programme de récompenses Air miles. C'est une dépense qui me coûte 15 000 $, mais qui m'amène de l'achalandage supplémentaire», souligne M. Soucy qui dit avoir constaté une hausse de 8% des ventes de l'épicerie.

Il ajoute que la fermeture de son établissement ne serait pas une bonne nouvelle pour les gens de son village habitués d'avoir accès tout près aux services qu'il offre avec des prix réguliers qui se comparent comme dans les grandes épiceries.

Ce dernier ne regrette toujours pas sa décision de s'être lancé en affaires il y a 26 ans d'autant plus que sa fille, Isabelle, qui travaille également au magasin, et son fils François sont associés avec lui dans l'entreprise.

Source : Carol Isabel, Lanouvelle.net