Bateaux Princecraft a le vent dans les voiles

Bateaux Princecraft a le vent dans les voilesLe fabricant de bateaux de pêche et de plaisance, de pontons et de bateaux pontés en aluminium de Princeville connaît une progression fulgurante, comme en témoigne l’augmentation annuelle de 25 % de ses ventes au cours des deux dernières années.

« On a continué à gagner des parts de marché au Canada et nous avons fait d’importantes percées aux États-Unis », indique le président de l’entreprise, Steve Langlais. La PME revendique 60 % des parts de marché de pontons et 40 % des bateaux en aluminium au Québec.

La croissance des ventes est principalement attribuable à un engouement accru pour les pontons, souvent considérés comme des embarcations pour personnes âgées qui aiment flotter tranquillement sur les eaux calmes des lacs et rivières. Or, une nouvelle vague de pontons plus performants, munis d’un troisième flotteur et de moteurs hors-bord qui permettent de les propulser à plus de 80 km/h et même de pratiquer des sports nautiques, semble ravir une nouvelle génération d’adeptes.

« On aurait vendu encore plus de pontons si on avait pu en produire davantage », souligne M. Langlais, en précisant que c’est un segment de marché qui connaît une croissance annuelle de 5 à 8 % depuis 5 ans aux États-Unis, et de 2 à 5 % au Canada. Pendant ce temps, la demande pour des bateaux traditionnels demeure stagnante.

Investissements de 4 M$
La PME, qui exploite trois usines à Princeville, vient d’ailleurs d’investir 2 millions de dollars pour agrandir ses installations existantes, implanter de nouveaux équipements et améliorer ses opérations pour ainsi augmenter sa capacité de production.

Ces aménagements lui permettront aussi de pallier à son besoin de main-d’œuvre. L’entreprise, qui compte aujourd’hui près de 340 travailleurs, a créé plus de 130 emplois au cours des 18 derniers mois et prévoit en embaucher 70 autres d’ici la fin de l’année. Comme bien d’autres, elle peine néanmoins à recruter du personnel spécialisé, particulièrement des soudeurs.

Bateaux Princecraft a mis en place des programmes de formation à l’interne pour des employés qui aimeraient devenir soudeurs. Elle vient par ailleurs d’engager une demi-douzaine de soudeurs provenant de la Colombie. Elle organise aussi des portes ouvertes et participe à diverses foires d’emploi pour recruter également des journaliers et des peintres.

Une série de propriétaires, dont Alcan
L’entreprise a changé de main à plusieurs reprises depuis sa création en 1954, par les frères Lionel, Roger et Sarto Baril. Alors appelé Aluminum Boats & Canoes, le fabricant a été acquis en 1968 par la famille Brillant de la région Bas-Saint-Laurent, puis en 1970 par la compagnie américaine Giffen Entreprise qui la renomme Canadian Boat Manufacturing.

En 1973, Alcan en fait l’acquisition et la fusionne avec Springbok, une entreprise de fabrication de bateaux d'aluminium dont elle est déjà propriétaire. Produits Nautiques Alcan devient alors le plus important manufacturier d'embarcations au Canada. Douze ans plus tard, en 1985, Alcan se retire du secteur nautique et vend l’entreprise à des dirigeants, Marcel Dubois et Jacques Daneault, respectivement directeur général et directeur de la production, qui créent Produits Nautiques Altra.

En 1990, elle passe dans les mains du géant américain Outboard Marine Corporation, qui fabrique notamment les moteurs pour bateaux Evinrude. Mais sa faillite en 2001 amène un autre géant américain du secteur nautique, le groupe Brunswick qui fabrique aussi des bateaux, pontons et les moteurs Mercury, à acheter Princecraft.

Or, en juillet dernier, c’est Steve Langlais qui prenait le chemin des États-Unis où Brunswick lui a demandé de diriger son plus important site manufacturier de pontons, à Fort Wayne en Indiana. Il présidera aussi l’ensemble de ce secteur d’activité pour le groupe Brunswick.

Steve Langlais s’est joint à Princecraft au printemps 2016, après avoir travaillé 16 ans au sein de BRP comme chef de projet ingénierie puis comme directeur général du Centre des technologies avancées BRP-Université de Sherbrooke. Curieusement, « j’ai travaillé sur des projets touchant les motoneiges et les VTT ou les véhicules côté à côte, mais jamais sur les motomarines ».

Il avait ensuite travaillé quatre ans chez Soucy International, où il a débuté en tant que directeur des ventes et marketing, puis comme vice-président exploitation de la division chenille de caoutchouc.

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Source : Pierre Roux, Les Affaires, 25 août 2018