La démographie, c'est l'affaire de tous!

Par Sébastien Gingras

Depuis l’annonce de la tenue du Sommet sur la croissance démographique, beaucoup de gens ont manifesté leur intérêt face à l’initiative du CLD de L’Érable. Ce projet orchestré grâce à la collaboration de 15 leaders locaux, nous permettra de réunir plusieurs élus municipaux, des entrepreneurs et des acteurs socioéconomiques de différentes sphères d’activités. Toutefois, je suis surpris, voire inquiet, de l’absence de quelques municipalités, de certains entrepreneurs et même des représentants de diverses organisations présentes sur notre territoire. Ces gens sont peut-être très occupés (nous le sommes tous, ce n’est pas une bonne raison…), mais la décroissance pourrait les attendre dans le détour d’ici 2031 et peut-être même avant à en juger par les perspectives de l’Institut de la statistique du Québec. D’où l’importance de s’en préoccuper et d’agir dès maintenant pour éviter le pire!

En fonction de la population déterminée par la Gazette du Québec en janvier 2013, soit 23 571 habitants, et des prévisions pour 2031 (21 722), la MRC de L’Érable perdra 1849 habitants!

Ces perspectives m’amènent à vous rappeler un concept datant de plus de deux décennies : le cercle de la dévitalisation territoriale. Il s’agit du « […] processus par lequel une collectivité territoriale est progressivement dépossédée de sa vitalité démographique, économique et sociale du fait de sa marginalisation, de son exclusion par rapport aux espaces qui accaparent la croissance économique et ses retombées sur le plan des services, des équipements et du bien-être ». (Vachon, 1993).

Les définitions, c’est bien beau, mais je vous invite à regarder attentivement le schéma ci-dessous qui dresse un portrait type de ce cercle de la dévitalisation locale.

Cercle dévitalisation

En se référant à ce schéma, on comprend encore davantage toute l’importance et la pertinence des propos tenus par le directeur général du CLD, Rick Lavergne, au moment d’annoncer la tenue du Sommet. Le 11 février dernier, il déclarait : « Qu’on soit une commission scolaire qui tente de maintenir une école ouverte, une communauté qui tente de conserver un poste à essence, un employeur qui a besoin d’attirer de la main-d’œuvre, une municipalité qui tente de générer des taxes par l’arrivée de nouveaux résidents, un commerce de détail qui cherche une masse critique de clients pour rester en affaires ou encore un agriculteur qui cherche la relève, la question de la démographie touche l’ensemble de nos secteurs d’activités […] ».

Non seulement la décroissance démographique va se concrétiser par un exode des jeunes encore plus important, par la diminution et le vieillissement de la population, mais cela va occasionner bien d’autres maux pour notre communauté. 

Qui dit 1849 habitants de moins…

Pour les entrepreneurs, qui dit 1849 habitants de moins dit forcément moins de relève entrepreneuriale, moins d’employeurs qualifiés, peut-être même une pénurie de main-d’œuvre dans certains domaines et, surtout, moins de consommateurs de biens et services de nos entreprises locales. 

Pour les municipalités, la décroissance démographique va se traduire par l’effritement des services publics. Je ne vous parle pas ici que des services de la poste!  « Tôt ou tard, vous verrez, on remettra en question la fréquence de la collecte des ordures ou celles du recyclage, l’utilité des bibliothèques ou celles des patinoires ». (Vézina, 2014). Ça peut paraître anodin comme exemple, mais cela démontre que nos municipalités devront envisager toutes sortes de moyens pour combler le manque à gagner causé par la perte de revenus (taxes). Après tout, rappelons-le, les 1849 habitants en moins (d’ici 2031) représenteront 1849 payeurs de taxes en moins pour nos municipalités.

Dans un tel contexte, il pourrait être difficile de maintenir tous nos services de proximité. Adios l’épicerie, la station-service, le restaurant ou encore le bureau de poste. Avec des services en moins, une municipalité devient beaucoup moins attrayante. Il devient donc plus difficile d’attirer de nouveaux arrivants, soit de les convaincre que nous offrons le meilleur milieu de vie.

Actuellement, la MRC de L’Érable compte une municipalité dévitalisée, c’est-à-dire une municipalité dont l’indice de développement socioéconomique (IDM) est inférieur à -5,0. 

On vise dans le 1000!

Avant de voir d’autres municipalités de notre MRC devenir « dévitalisées », il faut se retrousser les manches et se mettre en mode solutions. C’est justement l’objectif premier du Sommet sur la croissance démographique. Accueillir 1000 nouveaux habitants d’ici 2020 ne permettra pas de régler toute la problématique, mais ce sera un grand pas de franchi pour l’avenir notre territoire. Cela nous permettra peut-être même de faire mentir à 100 % les perspectives envisagées pour 2031 et de plutôt parler de nos 11 municipalités « revitalisées ».

La démographie, c’est l’affaire de tous! N’attendez plus et inscrivez-vous dès maintenant au Sommet sur la croissance démographique. On vous attend le 27 mars à Saint-Ferdinand!

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Sources :

MAMROT, Des communautés à revitaliser – Un défi collectif pour le Québec, Québec, 2010.

Bernard VACHON, Le développement local : théorie et pratique, Boucherville, Gaëtan Morin éditeur, 1993.

René VÉZINA, Les services publics déclinent et tout le monde s’en fiche, Les Affaires, numéro du 11 janvier 2014.

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Les chiffres donnés sont vraiment intéressants