Entrevue avec Éric Poisson de Global Récupération

1-    Décrivez-nous votre entreprise.

On a une entreprise de récupération de matières résiduelles dangereuses et de recyclage.  Tout ce qui ne s’enfouit pas est récupéré par nous. Ce qui est recyclable est récupéré aussi mais de façon différente, soit par cogénération. Ce sont des matières que l’on retrouve dans les ateliers mécaniques qui réparent les automobiles, les camions et les tracteurs. Nous en recevons aussi de certaines industries. Il y a beaucoup d’huile qui est récupérée au Québec.

2-    Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise?

Plusieurs métiers comme des contrôleurs, comptables, journaliers, opérateurs de machines fixes, chauffeurs de camions lourds et bien d’autres. Nous avons des vendeurs et des chimistes aussi. Présentement, nous aurions besoin de plus de chimistes. Il y a des postes qui demandent des études et d’autres, un peu moins. Il faut des personnes très attentives à ce qu’elles font parce que nous travaillons avec des matières dangereuses. Donc nous offrons aussi des formations sur les matières dangereuses et leur manipulation comme, par exemple, la bonne conduite en véhicule lourd avec des matières dangereuses à bord.

3-    Quelles sont les valeurs de votre entreprise?

Avoir le même esprit, chacun des employés, soit la protection de l’environnement. Il faut le faire du mieux qu’on peut pour rendre service à notre clientèle. Il faut garder en tête qu’une matière dangereuse reste dangereuse. Même si certaines entreprises travaillent moins bien avec ces matières et font encore de l’enfouissement, nous, on s’assure toujours de faire la cogénération ou le recyclage. 

Nos valeurs sont exactement ça : faire le mieux possible en respectant l’environnement et offrir un bon soutien à nos employés.

4-    Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez?

Ils doivent être polyvalents, ponctuels et débrouillards. Les conducteurs pourraient faire face à des situations imprévues, alors il ne faut jamais tenir pour acquis que nous savons tout. Nous ne pouvons pas prendre des décisions à la légère au travail. Ce sont des décisions importantes, qui contiennent des risques. Il faut des employés objectifs. Rien ne doit se faire à moitié. Nous recherchons des gens très responsables.

5-    Y a-t-il des réalisations ou des projets dont vous êtes particulièrement fier?

C’est une suite de petites fiertés qui emmènent notre entreprise, au fil des années,  à devenir ce que nous voulons qu’elle devienne. Nous agrandissons nos installations, nous investissons. Comme résultat, notre nouveau bâtiment nous rend fiers, ainsi que les nouveaux procédés qui y seront intégrés.

6-    Quels sont les avantages à travailler dans la MRC de l’Érable?

Nous sommes situés au centre de la province. Nous sommes une entreprise qui offre un service au niveau provincial, donc géographiquement parlant, nous sommes bien situés. C’est un avantage et c’est stratégique. Nous demeurons aussi dans la municipalité de Saint-Pierre Baptiste et c’est là que notre histoire a débuté. La municipalité nous avait aidés il y a dix ans. Ensuite, nous avons pris la décision d’y rester. Évidemment, il y a des projets de développement qui se préparent en raison du volume de camions d’huile récupérée que nous recevons. Il va y avoir plusieurs « satellites » dans d’autres municipalités, mais la base va toujours rester à Saint-Pierre-Baptiste. La gestion de l’entreprise et le centre de recyclage continuera de fonctionner ici.

7-    Comment se passe une journée de travail pour vous?

Pour ma part, c’est souvent un gros tourbillon. Je touche à tout. C’est sûr que nous sommes en développement, alors nous sommes souvent en train de travailler notre plan d’affaires. Nous ajustons des techniques que nous avons ajoutées à l’usine. Je fais des suivis avec les personnes clés qui travaillent dans l’entreprise. J’ai des meetings deux à trois fois par semaine. On est sollicité par des clients qui sont des distributeurs de produits pétroliers. Je peux faire de la vente ou du contrôle sur les ventes. J’ai des soumissions à préparer.

Un petit exemple, cet après-midi, je vais visiter une compagnie minière qui a fermé à Black Lake. On fait un démantèlement d’insecticide dans cette usine-là. Pour ma part, parce que je m’occupe de plusieurs choses, c’est plutôt difficile de dire ce que j’ai à faire. Pour les personnes cadres de l’entreprise, leurs tâches sont plus faciles à décrire. Moi, je porte « plusieurs chapeaux ». Je commence le matin entre 7 h et 8 h et je finis le soir entre 19 h et 20 h.

8-    Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

La gestion!  Venir à bout de tous les petits irritants et les corriger au maximum pour avoir la vie plus facile.

9-    Qu’est-ce qu’un bon entrepreneur ou un bon dirigeant?

C’est quelqu’un de conciliant, patient, débrouillard, qui aime travailler avec le monde et qui aime le monde aussi. Un dicton dit : « Avoir une main de fer dans un gant de velours » et, pour moi, c’est ça être un entrepreneur. La première chose est d’être capable de pousser et de motiver pour travailler ensemble dans le même sens, selon nos idées. En investissant du temps, ça fonctionne. Si tu ne crois pas à ce que tu as dans la tête ou que tu crois que tout va se faire tout seul, il ne se passera pas grand-chose… Au besoin, tu fais des recherches et en poursuivant ton travail, tu verras des résultats.

10- Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise?

Je veux l’amener à recycler le plus de produits possibles avec les meilleures techniques qui existent. On importe des techniques de Chine et d’Europe présentement pour la deuxième phase de notre projet. Il faut tout le temps augmenter la quantité des produits recyclés que nous pouvons recevoir. Peut-être que ces produits ne sont pas tous recyclables aujourd’hui, mais ils pourraient le devenir éventuellement. Je souhaite que nous devenions une entreprise qui s’activera dans toute la province.

11- Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie?

Les affaires! Les affaires de famille aussi beaucoup. On essaie toujours de concilier famille et travail. Je vous dirais que la famille passe avant le travail. Tantôt, je vous ai dit que je finis à 19 h ou 20 h le soir, mais auparavant je me trouvais à la maison. J’y suis allé à 17 h. Si je retourne au travail, c’est vers 20 h et je finis beaucoup plus tard. Je suis toujours avec les enfants à la maison à l’heure du souper.

12- Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de la MRC de L’Érable?

Qu’ils arrêtent de penser qu’il faut sortir de la région pour partir en affaires. Si vous avez un rêve, pensez-y et réalisez-le ici. Je me suis souvent fait dire : « Tu es fou de faire ça à Saint-Pierre-Baptiste. Tu ne réussiras pas. Qu’est-ce que tu fais là? » On me l’a dit tous les ans depuis qu’on a commencé. Aujourd’hui, je leur prouve le contraire. Il faut simplement croire en l’idée que tu as et ne pas la lâcher.

 13- Que pensez-vous des jeunes qui, bénévolement, s’impliquent dans leur municipalité et organisent des activités pour dynamiser leur milieu?

Je vous lève mon chapeau! J’ai toujours eu une admiration pour ça, des jeunes qui prennent le leadership. Je vois des jeunes comme Marika et Coralie ici dans le village, impliqués sur le Comité 12-18 et mes enfants m’en parlent à la maison. Je vous encourage à continuer. Souvent, ce sont ces jeunes-là qu’on voit dans les journaux et dans nos entreprises ensuite. 

14- Comment faites-vous pour décrocher (vos passe-temps)?

Je m’évade, je sors, je ne reste pas à Saint-Pierre-Baptiste. On part en camping, on fait du ski ou on s’envole dans le sud. Le truc pour bien décrocher, c’est de ne pas rester au même endroit que le travail.

15- La dernière question : Pour vous la persévérance scolaire c’est…         

Comme base, il faut quand même apprendre à compter et à penser. Ça nous amène des connaissances qu’on a besoin pour plus tard. Continuez de penser et de vous dire que ce que vous apprenez là, ça va vous être utile plus tard. Je ne croyais pas devenir entrepreneur. Je ne voyais pas plus jeune pour quelles raisons je faisais mes mathématiques de secondaire V. Aujourd’hui, je suis content de les avoir faites. Tout ce qu’on apprend nous est utile plus tard.

 

N.B. : À la fin de l’entrevue, M. Poisson est venu revoir les Reporters 12-18. Il tenait à ajouter que la maîtrise de la langue anglaise est très importante. Cet outil peut ouvrir des portes intéressantes et faire d’un employé un candidat vraiment intéressant pour une entreprise même d’ici.

Entrevue transcrite par Élise Balla Ekobena (Comité 12-18 d’Inverness)