Guitabec a un carnet de commandes rempli jusqu’en 2023

Guitabec

La pandémie a eu de nombreuses répercussions au sein des gens d’affaires et le fabricant Guitabec n’est pas passé à côté des contrecoups. Ces derniers ont cependant été positifs puisque nombre de personnes se sont mises à la guitare. En effet, le confinement a donné un regain de popularité au fait de jouer d’un instrument de musique. « On a de la misère à fournir », affirme Simon Godin qui dirige l’entreprise avec son frère Patrick. « Ça ne nous empêche pas de dormir, mais on doit ajuster nos prix, car celui de la matière première a subi une hausse fulgurante, et ça n’est pas descendu encore. Le tarif pour les conteneurs a quintuplé. »

Guitabec, dont le siège social est situé à Baie-d’Urfé, fabrique des guitares Godin, Norman, Seagull et… Simon & Patrick dans cinq usines au Québec dont Princeville, mais aussi à La Patrie et Richmond. Richmond demeure le repaire pour la conception de guitares électriques. L’entreprise vend ses produits dans 100 pays.

Les usines débordent de matériaux, car on y entrepose les essences d’épinette, de cèdre, d’acajou, d’érable, de merisier, de bois de rose… Certaines arrivent par blocs, d’autres, découpées ou en gros cubes. « Les portes ne ferment plus à cause de l’inventaire, illustre Patrick. Fabriquer une guitare, c’est un long processus, selon la condition du bois qu’il faut faire sécher. Certaines pièces prennent trois ou quatre ans à devenir sèches. Ça nous oblige à avoir beaucoup d’espace d’entreposage avec des chambres spéciales (séchoirs), car le bois ne doit pas craquer. »

Guitabec conçoit des guitares électriques et acoustiques. En ce moment, l’entreprise agrandit l’usine de Princeville et investit dans celle de Richmond, où on fait aussi le découpage du bois et la conception de toutes les pièces des guitares électriques. « On est dans la conception de nouveaux robots de peinture et d’une nouvelle machine à contrôle numérique pour fabriquer des manches », dit Patrick.

D’ailleurs, l’arrivée de Guitabec à Richmond en 2003 provenait du besoin de l’entreprise de prendre de l’expansion. « À l’époque, on voulait agrandir l’usine de Princeville, raconte Patrick. Mais le coût était si exorbitant qu’on s’est promenés. On a dans un premier temps acheté une portion du bâtiment de Richmond, pour voir si ça nous convenait. On a mis une option d’achat pour le reste du bâtiment. Mais plus les années avançaient, plus on avait besoin d’espace pour la production. »

Depuis 1988, de McCartney à Cohen 
Comme partout, Guitabec souffre d’un manque de main-d’œuvre. L’idée de concevoir des guitares électriques est-elle assez séduisante pour convaincre les gens de déposer leur CV? Des instruments made in Québec qui se sont retrouvés entre les mains du guitariste et du bassiste de Metallica, de Paul McCartney, de Leonard Cohen, du guitariste de Billy Idol et combien d’autres?

Cette réalité doit être une source de satisfaction pour Robert, le père de Simon et Patrick qui a fondé l’entreprise il y a un demi-siècle. Il se promène maintenant dans un véhicule récréatif maquillé aux couleurs des guitares Godin. « Depuis trois ans, il ne vient plus au bureau, raconte Patrick. Il a travaillé toute sa vie. À 73 ans, on ne peut le planter devant la télé. C’est un passionné. Quand on a besoin de conseils, c’est la première personne qu’on appelle. Il ne nous charge pas cher! »

Et le nom Guitabec continue d’être de la musique aux oreilles de nombreux amateurs de rock, pop, folk. 

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Source : Maryse de Billy, texte inspiré d’un article de Isabelle Massé, La Presse, 30 août 2021. (Photo : Marco Campanozzi)
Vignette : Simon et Patrick Godin, copropriétaires de Guitabec