Entrevue avec Monsieur Mario Carrier, souffleur de verre d’Inverness, par Véronique Lambert et Armand Balla des Comités 12-18 d’Inverness

Entrevue avec Monsieur Mario Carrier, souffleur de verre d’Inverness
Par Véronique Lambert et Armand Balla des Comités 12-18 d’Inverness

Mario Carrier, souffleur de verre

1-Combien de temps nécessite la création d'une œuvre en verre soufflé?

C'est très variable, car il n'y a pas de manuel d'instruction pour créer les pièces de verre soufflé. À vrai dire, c'est par essais et erreurs que je développe mes techniques, et ce, par le biais de nouvelles créations. Ainsi, cela influence le temps de création de mes œuvres. Par ailleurs, il y a peu de matériel pour travailler le verre, car j'ai seulement deux paires de pinces et deux paires de ciseaux. Il existe des moules, mais c'est bien rare que j'utilise cette technique. Les moules sont employés pour réaliser des projets qui doivent tous être identiques. Dans mon cas, je préfère souffler le verre plutôt que d'utiliser un moule si j'ai un petit nombre de créations à faire.

2-Pouvez-vous nous parler de votre entreprise et de votre travail?

Je fais du verre soufflé, de la pierre, du bronze et de l’aluminium. Le plus dur à travailler est le verre soufflé, car c’est très demandant physiquement, surtout aux bras et aux articulations, car il fait plus de 2000 degrés. Je possède 2 ateliers, un conçu spécialement pour le verre soufflé et un autre pour les sculptures. Ma clientèle se retrouve majoritairement à Québec et Montréal. Il y a beaucoup d’entreprises qui me demandent des sculptures. C’est souvent du « sur mesure » pour eux et pour les particuliers, car ils ont beaucoup de contraintes comme le poids, la couleur, les matériaux, etc. Présentement, je fais des sculptures pour Le Chaînon. C’est un centre qui accueille les femmes en détresse et ils font toujours une soirée annuelle pour remercier les bénévoles. Alors, je leur fais plusieurs cœurs constitués d'une moitié verre et d'une autre moitié pierre unique pour ses nombreux bénévoles. C’est un de mes clients réguliers.

3-Quelle est votre horaire de travail?

Je suis travailleur autonome et j'aime travailler. Généralement, je travaille 5 jours par semaine, mais il m'arrive de travailler 7 jours consécutifs, car mes horaires sont variables. De plus, mon emploi est chez moi et sa proximité en fait un atout puisque j'ai beaucoup de commandes et des délais à respecter. Enfin, je ne fais pas de différence entre un jour de semaine et un jour de fin de semaine.

4-Quel est le cheminement académique qui vous a mené à faire ce travail?

Mon cheminement est très particulier. Mes emplois n’ont jamais été reliés à mes domaines d’études. Par contre, cela m’a permis d’aller chercher des outils et de l’expérience qui m’ont été utiles à travers mes différents emplois. J’ai étudié en biologie, en médecine douce et j’ai suivi des cours de massothérapie. J’ai toujours fait mes formations tout en travaillant. J’ai suivi un cours de verre soufflé par curiosité et comme j’ai aimé ça, j’en ai suivi un deuxième. Je me suis construit un petit atelier juste pour le plaisir et maintenant, j’en fais un métier à temps plein. Mes passions deviennent toujours mes métiers, car j’aime ça.

5-A quoi resemblent vos journées de travail?

Mon emploi d'entrepreneur et de travailleur autonome m'amène à toucher à plusieurs disciplines et j'aime cet aspect de mon travail. En effet, je m'occupe de la vente, de la production et de mes clients. Je dessine également les croquis de mes œuvres pour ensuite les fabriquer. Enfin, j'organise mes prochains événements auxquels je participe. Mon travail est donc très varié selon les commandes et les suivis que je dois faire avec mes clients. Par ailleurs, je construis mon nouvel atelier ce qui m'amène à travailler sur ce projet une journée par semaine. Enfin, je n'ai pas d'employés et c'est par choix, car j'aime toucher à tout.


6-À quel âge et dans quelles circonstances avez-vous découvert cette passion?

J’ai découvert cette passion il y a presque 10 ans. J’avais vu quelqu’un en faire et j’ai découvert qu’il y avait une technique de 3 ans qui se donnait au cégep de Montréal. Cependant, je n’avais pas la patience et le temps de retourner à l’école pendant 3 ans. Par contre, il donnait des cours de fin de semaine et c’est comme ça que tout a commencé de fil en aiguille. J’ai débuté avec des instruments de base, puis je me suis équipé de plus en plus.

7-En moyenne combien vaut une œuvre?

Le prix de mes œuvres varie entre 15 $ et 5000 $. Différents facteurs influençant le coût de mes créations : le temps de réalisation, les matériaux employés, la taille de l'œuvre et, enfin, sa complexité. Je développe un produit pour chaque client en fonction de leur besoin et de leur budget.

8-Y a-t-il une réalisation dont vous êtes particulièrement fier?

Je suis fier de toutes mes réalisations, mais j’ai deux coups de cœur. La première œuvre est la « larme d’ange ». Au début, je ne pensais pas que ce serait aussi populaire. Cela fait maintenant 10 ans que j’en fais! J’ai beaucoup de demandes pour cela, mais je manque de temps. La deuxième œuvre est un cœur fait d'une moitié en verre et d'une moitié en pierre. J’en fais de différentes grosseurs. Ils sont très semblables, mais ils sont toujours uniques.

9-Pourquoi avez-vous choisi ce métier?

J'ai choisi ce métier parce que je suis créatif, mais avant tout parce que je suis un passionné. De plus, j'ai du plaisir à travailler dans ce domaine et j'accorde une grande importance à cet aspect. À vrai dire, je n'anticipe pas ma retraite, car j'aime trop mon travail.

10-Où voyez-vous votre entreprise dans 10 ans?

Dans mes expériences antérieures, avant de devenir souffleur de verre, j’ai occupé plusieurs emplois. Comme je l’ai mentionné plus tôt, je ne veux pas avoir une grosse entreprise et c’est par choix, car j’aime la grosseur de cette dernière présentement. Je suis tranquille et ma compagnie va bien. À vrai dire, j’ai perdu l’engouement d'avoir une grosse entreprise.