Les Partenaires 12-18, Laurie Plante et Maya Labrecque du Comité 12-18 de Lyster dans L'Érable, ont rencontré Nicolas Paradis, président de Déneigement N.S. Paradis SENC, entreprise située à Plessisville.
1-Décrivez-nous votre entreprise.
Moi, c’est une entreprise de déneigement. Notre secteur principal d’activités se situe à Plessisville. On a acheté cette entreprise-là qui était déjà existante, il y a trois ans. Nous, on fait du déneigement résidentiel et commercial. Puis on fait du pelletage de trottoirs, des entrées piétonnières, ces choses-là. On essaie de donner le meilleur service possible tout le temps. Notre machinerie compte 14 appareils et des personnes s’occupent des travaux manuels. En trois ans, on n’a pas doublé, mais presque. À date, ça va super bien et on est bien content.
2-Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise?
MÉCANICIENS, parce qu’on a beaucoup de machineries, pour l’entretien des souffleurs, des grattes, des tracteurs. Ils doivent faire les changements d’huile entre autres. Après ça, il y a les OPÉRATEURS qui, évidemment, sont tout le temps là le plus possible. Puis aussi, on a les TRAVAILLEURS MANUELS pour les pelletages de trottoirs, les entrées piétonnières, le déglaçage des trottoirs, etc. En général, c’est pas mal ça. Sinon des fois, il y en a qui viennent nous donner des coups de main. En général, ce sont ces trois métiers-là qu’on retrouve le plus.
3-Quelles sont les valeurs de votre entreprise?
On fait beaucoup affaires avec le public. Souvent, les gens nous interpellent quand il y a des grosses tempêtes de neige, parce que ce n’est pas tout le monde qui prend des contrats pour l’hiver au complet. Il y a des personnes qui vont pelleter, mais quand des grosses bordées de neige arrivent, ils nous arrêtent sur le bord du chemin. Ils nous demandent si on peut venir donner un coup de souffleur. Alors, moi je recherche, chez les chauffeurs, beaucoup d’entregent. Il faut qu’ils soient gentils et qu’ils aient un sourire. Après ça, qu’ils soient débrouillards un peu. Par exemple, s’il y a un bris sur un souffleur, qu’on ne soit pas toujours en arrière d’eux autres et qu’ils soient capables de se débrouiller un minimum. Ils doivent aussi être civilisés, qu’ils aient un bon jugement lorsqu’ils font affaires avec les gens. Parce qu’on n’est pas toujours autour d’eux, il faut être capable de se fier un peu sur eux autres.
4-Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez?
Je viens de l’expliquer un petit peu, mais qu’ils aient de l’ENTREGENT, qu’ils soient CIVILISÉS et qu’ils soient SIMPLES et NON ARROGANTS. Quand je passe des entrevues pour pouvoir les engager à l’automne, ils doivent rester ce qu’ils sont habituellement. Ils ne doivent pas essayer de dire qu’ils sont meilleurs qu’un autre. Tout le monde commence quelque part et tout le monde a droit à sa chance dans la vie. Dis-moi ce que tu es capable de faire et après ça on va te placer avec quelqu’un qui est plus habitué. Parce qu’ils travaillent tous en équipe de deux, je vais le placer avec quelqu’un qui n’est pas à sa première année. Il y en a qui n’ont jamais fait ça et qui sont capables d’être très bons. Ce n’est pas du chinois, ça s’apprend par tout le monde. C’est un métier comme un autre.
5-Il y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier?
En trois ans, qu’on ait quasiment doublé, ça j’en suis très fier. Les clients sont très satisfaits, on a beaucoup de bons commentaires. C’est sûr que quand on travaille pour plusieurs clients, on ne peut pas satisfaire tout le monde. Une personne ne peut jamais s’entendre avec tout le monde. Il faut y aller avec sa logique aussi. Je suis fier de recevoir beaucoup de bons commentaires et de voir que notre entreprise progresse toujours. Je suis vraiment content de ça, c’est la principale chose.
6-Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région?
En région par rapport à une grande ville, c’est un petit milieu et tout le monde se connait. On est capable d’avoir de l’entregent, on est capable de connaître notre monde, de connaître notre clientèle. Je trouve que c’est une belle et bonne chose. Moi, j’aime ça quand je réponds au téléphone et que je suis capable de mettre un visage sur la personne qui me parle. Je suis capable d’associer, je trouve que c’est plus facile. Tandis que lorsque tu es dans un plus grand milieu, on dirait que le monde accorde peu d’importance à l’entrepreneur. J’aime mieux quand c’est dans un milieu en région
7-Comment se passe une journée de travail pour vous?
Une journée normale, je me lève à minuit et demi. Je vais en ville, je fais ma tournée pour voir s’il n’y a pas eu de poudrerie la nuit à cause des vents. Je regarde s’il y en a qui ont pelleté leur toiture et qui on fait des tas de neige dans leur entrée. Je regarde si tout le monde est capable de se reculer dans leur entrée. Est-ce que du verglas est tombé? La charrue est-t-elle passée? Ce sont toutes des choses qu’il faut que je regarde dans la nuit.
S’il a neigé ou que la ville a gratté ses rues, il faut que j’appelle mes chauffeurs responsables des commerces à 1 h pour qu’ils commencent à 2 h. Ceux du déneigement résidentiel, je les appelle à 3 h pour qu’ils commencent à 4 h. À 7 h 1/2 maximum, toute la clientèle doit être faite. Pour le commercial, il faut commencer plus tôt parce qu’il y a des gens qui commencent à travailler à 6 heures et demi dans les entreprises manufacturières. Donc, il faut commencer plus tôt. Ça c’est une journée normale. Puis, quand il fait tempête, des fois on commence la veille. Pour la dernière tempête qu’on a eue au mois de mars, on a commencé à 9 h 1/2 le soir, puis j’ai fini il était 11 h le lendemain soir. J’ai dormi deux heures et on a recommencé. On ne venait pas à bout de prendre le dessus. Les chauffeurs, il y en a qui ont fait seize ou dix-huit heures de suite, d’autres qui ont fait 24 heures. Moi, j’ai fait 25, 26 ou 27 heures. On n’a pas arrêté et on ne peut pas arrêter parce qu’on a des contrats gouvernementaux, comme le poste de police. Ça c’est du « 24 heures » puisqu’ils donnent des services d’urgence. Les résidences de personnes âgées, c’est 24 heures aussi parce que si une personne vit un malaise ou n’importe quoi, il faut que les ambulances aient un accès 24 heures sur 24. Ça, c’est plus d’attention. On a eu de la misère à prendre le dessus avec cette bordée-là en mars dernier. Disons que ce n’était pas facile. Une journée normale, je me lève à minuit et demi, mais je ne me couche pas à 10 h le soir. Je me couche un peu plus de bonne heure.
8- Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?
Moi, ce que je préfère, c’est quand que je sais que tout le monde est à leur place, à leur poste, parti pour faire leur travail. Ça j’aime ça! C’est comme une satisfaction par en dedans que tout le monde soit parti faire leur travail et que ça va bien. Quand qu’on arrête au déjeuner, on demande si ça a bien été. Après ça, on repart sur une deuxième tournée, quand les autos sont parties de leur stationnement.
9-Qu’est-ce qu’un bon entrepreneur ou un bon dirigeant?
Quelqu’un qui est à la tête d’une entreprise, moi j’appelle plus ça un leader qui va encourager les employés, qui va être avec eux autres. Il ne va pas être au-dessus d’eux autres et seulement leur dire quoi faire. Il va être avec eux autres pour le faire. Un bon dirigeant va savoir quoi dire et comment le dire. Il ne faut pas que tu cries après tes employés. Il faut que tu saches comment leur dire et il faut que tu le dises d’une certaine manière pour qu’ils comprennent. L’employé est un humain comme tout le monde. Se faire crier après, ce n’est pas intéressant, pas pour personne. En tout cas moi je n’aime pas ça et je ne pense pas que les gens aiment ça se faire crier après. Il faut que tu sois avec eux autres. S’ils ont un problème, il ne faut pas que tu leur dises de s’organiser tout seul. Tu y vas avec eux, tu regardes, tu analyses, tu dis d’essayer comme ça et que ça irait mieux. S’ils pensent à une autre idée, je leur dis d’essayer à leur manière. Si ça marche tant mieux, pas de problème, je suis bien d’accord avec ça! Si ça ne fonctionne pas, essaie d’une différente manière. S’il y a un problème, il y a une solution, c’est sûr et certain. C’est impossible que tu ne sois pas capable de résoudre un problème. Si tu n’es pas capable tout seul, tu le dis, il n’y a pas de gêne à ça. Il n’y a jamais de questions niaiseuses et il n’y a jamais de problèmes niaiseux. Des fois, il faut juste y penser et après tout se résout. Je pense que c’est ça un bon dirigeant ou un bon entrepreneur en étant capable d’être en arrière d’eux autres. Quand tu finis la journée, tu leur donnes une tape dans le dos et tu leur dis que ça a bien été, c’est super, je suis fier de ce que vous avez fait. Moi, je pense que c’est une bonne manière de voir et de faire les choses aussi.
10-Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise?
Déjà, en trois ans, on a pris beaucoup d’expansion. Il faut maintenant SE PERFECTIONNER et être PLUS EFFICACE. Où l’amener? C’est différent chaque année, du déneigement, ce n’est pas un milieu qui est stable. C’est un milieu qui a des hauts et des bas, des va-et-vient. Une année, tu as des chauffeurs qui ont plus de misère, tu peux perdre de la clientèle. Des chauffeurs qui ont moins d’expérience ont de la difficulté à donner un meilleur service. C’est la clientèle qui fait que l’entreprise va bien. Je suis fier où nous sommes rendus. Je ne veux pas que ça s’en aille en baissant, je veux que ça reste stable. Mais si ça s’en va en montant, je serais content. C’est sûr que je ne décide jamais, mais quelqu’un qui arrive et qui coupe les prix, on ne peut pas rien faire. Les gens aujourd’hui veulent un service et ils vont payer le prix pour. C’est comme un peu une marque d’auto, il y en a des chers et il en a des pas chers. Si le pas cher fait leur affaire, pourquoi payer plus cher? C’est dur à dire, je veux que mon entreprise soit associée à un service de qualité et que les gens ne regrettent pas. L’erreur est humaine, ça j’en suis conscient. Un chauffeur qui accroche une gouttière, ça arrive, et il y a des clients qui viennent choquer de ça. L’erreur est humaine. Moi je ne suis pas choqué après mon chauffeur, ça se répare. On le répare et ça finit là, ce n’est pas plus compliqué que ça. Il y en a que tu as accroché, que tu as réparé, mais eux autres, ils ne te pardonnent pas. Je trouve que c’est un peu plus dur pour nous autres, mais comme je l’ai dit, tout le monde a droit à sa chance et l’erreur est humaine. Un moment donné, il faut revenir sur terre, il ne faut pas se penser plus haut que tout le monde.
11-Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie?
Qu’est-ce qui m’inspire? Les gens qui foncent, qui n’ont pas peur d’avancer. Comme mon père quand il était jeune. Au début, il avait 80 vaches sur la ferme. Aujourd’hui, on est rendu à 350. On cultivait 120 acres, on est rendu au-dessus de mille acres qu’on cultive pendant l’été. Il n’a pas eu peur de foncer. En entreprise, il ne faut pas que tu aies peur du risque parce que des fois, il faut risquer pour avancer. Des fois tu prends un « guess » et tu ne sais jamais comment ça va arriver au bout. Il ne faut pas que tu aies peur. Ne pas avoir peur de foncer et avoir de la persévérance, les gens qui sont comme ça, je les admire. Aujourd’hui il n’y en a pas beaucoup. Il ne faut pas avoir peur de foncer, sinon on stagne et ça n’avance pas. Autant pour un métier que tu veux faire dans la vie. Essaye-le! Si tu n’aimes pas ça, tu es jeune, tu as une vie en avant de toi. Tu essayes et si ça ne fait pas, tu changes de branche. Il ne faut pas que tu aies peur. Il ne faut pas que tu baisses les bras. 12-Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région?
Ne lâchez pas! Quand vous avez quelque chose en tête, faites-le. Ça ne sera pas moi qui vais vous arrêter. Je vais plus vous inciter à foncer. Essayez ce que vous avez dans la tête, foncez. Moi, si je n’avais pas foncé, je pense qu’on n’en serait pas rendu où je suis en ce moment. À cause de mon handicap, quand j’étais jeune, j’avais peur de me faire juger par les gens. La première année en entreprise, quand quelqu’un t’appelle pour une soumission, tu n’as pas le choix de te présenter. Un moment donné je me suis dit, si les gens veulent rire de moi et qu’ils ne sont pas contents que je sois comme je suis là, qu’ils regardent ailleurs. Ça ne sera pas ça qui va m’arrêter. Un moment donné, foncez et n’ayez pas peur. N’ayez pas peur du ridicule non plus, tout le monde fait des erreurs. Foncez et allez de l’avant.
13-Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité et organisent des activités?
Je trouve ça correct! Je m’implique moi aussi à Lyster dans le comité de la tire de tracteurs. Je trouve que c’est plaisant d’avoir des activités en région qui font bouger autant les jeunes que les moins jeunes. C’est plaisant à voir. Aujourd’hui, les jeunes sont plus sur les téléphones, les cellulaires, les iPad, l’ordinateur, etc. Sortez, bougez, organisez des activités, prenez l’air! C’est plaisant de voir que les gens s’impliquent et qu’ils ne sont pas obligés d’être payés à la fin. Dans le temps de nos grands-parents, arrière-grands-parents, les voisins allaient tous s’entraider. On dirait qu’avec le temps, on a perdu ces valeurs-là. Moi je trouve que s’impliquer bénévolement, oui c’est correct, c’est plaisant. Moi aussi j’en fais du bénévolat. Je trouve ça correct et on devrait en avoir plus des jeunes et des moins jeunes qui s’impliquent. On n’est pas toujours obligé de payer à la fin. C’est du donnant - donnant. Un service en entraîne un autre et je trouve que ça, c’est beau à voir et que c’est plaisant. J’encourage ça.
14-Comment faites-vous pour décrocher ?
J’essaie, mais l’hiver c’est sûr que c’est difficile de décrocher, parce que la neige, ça n’avertit pas. C’est comme la pluie l’été, tu ne sais jamais. Souvent les gens sont exigeants et nous n’avons le droit à l’erreur. Exemple si je me lève en retard et que j’appelle les chauffeurs en retard, c’est moi qui vais écoper en bout de ligne. La clientèle va être moins contente. Décrocher en hiver, c’est dur. En été, je dirais qu’à la ferme, c’est beaucoup d’heures de travail, mais la fin de semaine, je vais aller voir des compétitions de tires de tracteurs. J’aime ça la mécanique diesel, ça me passionne un peu. Sinon l’hiver, j’essaie de faire un peu de motoneige quand il ne neige pas et que je suis certain de la température… mais être certain avec dame nature, c’est difficile.
15-Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette?
Vous avez juste une santé, gardez là ! Moi j’ai eu un accident plus jeune et je ne peux pas courir, je marche avec des béquilles. Vous avez juste une santé, bougez dehors. Si vous fumez la cigarette, juste pour vous penser plus cool à la polyvalente, ce n’est pas ça. Ne brisez pas votre santé, vous en avez juste une et ça ne revient pas ça. Chacun a sa manière de voir les choses, mais moi je pense que si tu prends ça juste pour le plaisir, arrête, ça ne donne rien. Moi je n’ai jamais fumé et je fumerais pas. Je pense qu’on a d’autres choses à faire que de fumer. Je ne suis pas pour ça, mais je n’empêche pas les gens de vivre pour autant. Profitez du grand air au lieu de fumer!