La planète solidaire

Par Sandra Vigneault

Jardin communautaire d'ORAPÉ, Plessisville

Les entreprises d’économie sociale ont parfois de la difficulté à se démarquer des groupes communautaires et des entreprises privées.  La semaine passée (du 17 au 20 octobre), pas moins de 1500 personnes provenant des 4 coins du monde se sont rassemblées au Palais des congrès de Montréal dans le cadre du Forum international de l’économie sociale et solidaire  (FIESS). L’ambiance conviviale était contagieuse. Mais le plus fabuleux, pour « une fille de la région », était d’avoir l’impression de pouvoir faire le tour du monde en une seule journée.  Ces gens de 68 nations, dont le Brésil, l’Espagne, le Mali et l’Allemagne, s’étaient réunis autour d’une même préoccupation : l’entrepreneuriat collectif.  Qu’on l’appelle économie sociale ou économie solidaire, l’objectif est le même : développer les communautés grâce à des entreprises qui ont à cœur les valeurs d’entraide et qui placent l’humain au centre de leurs actions.

Durant la journée que j’ai passée au FIESS, j’ai pu constater que partout sur la planète, il se développe de belles initiatives en développement social, et que toutes ont à cœur le mieux-être de leur communauté.

Hong Kong : l’économie sociale au service de l’aide domestique

Ainsi, une entreprise en aide domestique a vu le jour à Hong Kong pour venir en aide aux personnes âgées ET aux familles. Je vous entends déjà me dire : « On a en nous aussi des entreprises d’aide domestique », ou encore « Moi, je reçois les services de Solution Ménage ». Effectivement, ça existe aussi dans notre MRC et au Québec.  Par contre, ce que j’ai trouvé génial, c’est leur méthode de communication. Les employées – on ne se le cachera pas, car c’est souvent des femmes qui exercent ce métier – je disais donc, les employées sont toutes munies d’un cellulaire avec une carte SIM.  Lorsqu’un citoyen fait appel à cette entreprise (Easy Home Services) un message est envoyé à toutes les employées leur donnant la description du travail à effectuer ainsi que l’adresse. Les travailleuses ont alors le choix d’indiquer si elles acceptent ou non le travail et si elles sont à une distance raisonnable du client.  Avec plus de 1000 employées et ce système en place, l’entreprise offre un service quasi instantané. C’est presque mieux que la téléportation!

Pérou : l’économie sociale au secours des nécessiteux

Si un jour vous allez visiter le Pérou, je vous suggère de vous rendre au bidonville de la Villa el Salvador, près de Lima. Je suis sérieuse! Cette communauté de 350 000 habitants, formée des exclus de Lima, possède un haut degré d’organisation sociale. Mais ce qui fascine dans l’histoire de Villa el Salvador, c’est ce mélange de résilience, de vision, d’innovation, mais surtout cette force collective. En effet, sa création en 1971 ne s’est pas fait sans heurts, car ce sont les pauvres de Lima, repoussés par l’armée et installés dans le désert, qui ont su donner une âme à ce bout de terre aride. En quelques années, ils ont réservé des terrains pour les parcs, les hôpitaux, les universités et même des zones agricoles. Quarante ans plus tard, on y retrouve plus de 3000 organisations. Cette communauté a même soutenu la création d’un district industriel cogéré par la municipalité et les associations locales d’entrepreneurs. C’est par des groupes résidentiels organisés en pâtés de maison que la société fonctionne : chacun de ces groupes a une place commune pour les services tels l’école maternelle, le centre de santé, le terrain de jeu. La devise des habitants de Villa el Salvador : « Parce que nous n’avons rien, nous ferons tout ».  Voilà une belle leçon d’humilité de la part des Péruviens.

Manitoba : l’économie sociale au service de la vitalité communautaire

N’allez pas croire que les belles initiatives se font seulement à l’autre bout du monde. Pas plus loin qu’au Manitoba, il y a aussi une belle initiative qui mérite d’être mentionnée : il s’agit du programme « Neighbourhoods Alive! »  (ou si vous préférez, « Quartiers Vivants! »). Ce programme vise à soutenir et à encourager la communauté dans ses efforts de revitalisation dans des domaines clés et des communautés précises. Le programme comprend de l’aide financière, mais aussi d’autres ressources. Pour bénéficier d’une aide financière, la communauté doit prouver que son projet est bien structuré, qu’il possède une vision à long terme et surtout, qu’il détient un plan d’action sur cinq ans.  Ne bénéficie pas qui veut de ce programme, car le projet doit être d’envergure et mobiliser la communauté en étant multisectoriel : par exemple, des projets d’immeubles pour être aménagés en centres communautaires, des jardins communautaires, etc. Un défi demeure toutefois celui d’évaluer tout le travail et de mesurer la rentabilité sociale de tous ces beaux projets.

Et ici?

Vous vous demandez si je crois que la MRC de L’Érable est capable de mettre sur pied des projets aussi emballants et dynamiques? La réponse est oui, bien entendu, car comme le disait si bien Dédé Fortin il y a quelques années : « Passe-moi la puck pis j’vais en compter des buts ».  Les gens d’ici savent depuis longtemps comment user de leurs forces pour améliorer leur qualité de vie. C’est en relevant nos manches et en se réunissant que nous pourrons poursuivre dans cette veine. Je lève mon verre à vous tous, actuels et futurs bâtisseurs de la région de l’Érable. 

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