L'Érable veut séduire des professionnels de l'agroalimentaire

L'Érable veut séduire des professionnels de l'agroalimentaire

L'Érable veut séduire des professionnels de l'agroalimentaire

 Source : Hélène Ruel, lanouvelle.net

«On va là où on nous offre du travail!», dit Abdellatif, un professionnel de l’agroalimentaire originaire du Maroc, dont le «parachute» l’a fait atterrir à Montréal il y a huit mois.

Le jeune homme fait partie de cette cohorte de nouveaux arrivants de tous les coins de la planète inscrits à une formation de cinq mois offerte par le Carrefour Blé à Montréal.

Le Carrefour Blé, un organisme à but non lucratif créé en 2000, se donne la mission de former et d’intégrer en emploi des travailleurs qualifiés dans le secteur agroalimentaire.

Ils étaient 17, des hommes et des femmes aux accents différents, à s'instruire dans les serres odoriférantes de la Jardinerie Fortier à Plessisville, une des étapes de leur journée d’exploration en «région».

C’est la troisième fois que grâce au travail de liaison de l’agente de régionalisation d’Accès Travail et membre du comité Attraction Érable, Anne Dusseault, le Carrefour Blé peut ainsi, avec un groupe de participants, sortir de Montréal… et de sa «quasi-banlieue», Saint-Hyacinthe.

Geneviève Chagnon, directrice générale du Carrefour Blé, mise beaucoup sur ces escapades pour faire comprendre aux nouveaux arrivants que le territoire québécois est grand. «Montréal n'est pas le Québec», dit-elle en riant.

Et elle apprécie les liens tissés avec Anne Dusseault pour organiser des visites dans des entreprises d’ici. «Des visites de ce genre ne sont pas faciles à réaliser parce qu’on a toujours de gros groupes. Et au printemps, c'est encore plus difficile», signale Mme Chagnon.

Hors de la «technopole»

Si le taux de placement des participants à Carrefour Blé oscille entre 70 et 80%, le gros des travailleurs qualifiés dans le domaine agroalimentaire se cantonne dans la région de Montréal.

«Et dans la technopole qu’est Saint-Hyacinthe. On a l’impression qu’aux yeux des nouveaux arrivants, il n’y a rien à l’est de Saint-Hyacinthe.»

En tout cas pour un homme comme Abdellatif, débarqué sans famille au Québec, aucune région ne le rebuterait, lui qui cherche à travailler dans une grosse usine de transformation. Il dit d’ailleurs qu’il n’a jamais aimé vivre dans une ville.

Il estime que si tant d’immigrants se retrouvent dans la région de Saint-Hyacinthe, «c’est parce qu’ils font beaucoup d’efforts pour venir nous chercher».

Une «tentacule»

Accompagnant le groupe pour une partie de la journée de visites, le préfet de la MRC de L’Érable, Sylvain Labrecque, soutient que le travail d’Anne Dusseault s’inscrit en droite ligne des visées de la MRC qui se veut «créative et attractive».

Il fait d’ailleurs remarquer que, «sans vouloir rien enlever à celui de la MRC d'Arthabaska», le territoire de la MRC de L’Érable est à 95% agricole. Il dit d’Anne Dusseault – elle-même originaire de Plessisville – qu’elle est la «tentacule» dont la MRC se sert pour attirer des nouveaux arrivants.

En quatre ans, Mme Dusseault indique que cinq professionnels de l’agriculture ont pu se décrocher un emploi dans les deux MRC d’Arthabaska et de L’Érable, le ministère, les coopératives agricoles et un club agroalimentaire profitant de leur expertise.

Quatre escales

Le groupe s’est attardé à quatre entreprises de la MRC de L’Érable, au centre de recherche de Semican d’abord, puis à la Jardinerie Fortier, à l’érablière de l’Invernois ainsi qu’au Verger des Bois-Francs. À la Jardinerie, Jonathan Fortier a promené le groupe à travers les serres et à l’extérieur, l’entreprise cultivant sur 600 acres (300 acres de grandes cultures, 300 acres de fruits et de légumes).

Il a ouvert une parenthèse, voire un dossier chaud, en parlant des difficultés de trouver de la main-d’œuvre agricole en production maraîchère. Il a dit aux professionnels devant lui que sans les employés guatémaltèques qu'il fait travailler, il devrait réduire de 50% sa production, ne trouvant pas de bras québécois pour l'intense travail saisonnier que nécessite la culture des fruits et légumes «qu’on aimerait pouvoir payer davantage», a-t-il souligné. 

Ce pan de la réalité agroalimentaire québécoise ne constitue pas du tout une révélation pour le groupe de professionnels venus d’autres pays. «La France vit la même chose et même si elle bloque ses frontières, on trouve des moyens détournés pour aller chercher de la main-d’œuvre non spécialisée», a confié un des participants.

L’accueil des gens de L’Érable, a cependant constitué une «révélation» pour Chimelle, une jeune agronome originaire du Bénin, installée au Québec depuis un peu plus d’un an. «On sent ici, chez les gens, plus d’ouverture qu’à Montréal», a-t-elle observé. Cette journée d’excursion en région permet aux participants de mieux comprendre les façons de faire et la «culture» québécoise.

Même l'Institut de recherche et de développement en agroenvironnement a profité de cette tournée dans L'Érable, y déléguant une de ses professionnelles de recherche, pour s'assurer de rester collé à la réalité de la production agricole, a souligné la directrice générale de Carrefour Blé.